A deux semaines de l’élection présidentielle, des affrontements ont éclaté entre Agni et Dioula, respectivement proches de l’opposition et du pouvoir à Bongouanou. Depuis l’annonce de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara le 6 août dernier, la Côte d’Ivoire est plongée dans une crise pré-electorale.
La campagne électorale de la présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire prend une tournure chaotique à Bongouanou suite aux affrontements intercommunautaires opposant des Agnis, ethnie locale plutôt proche de l’opposition, et des Dioulas, musulmans originaires du nord et eux prétendument proches du pouvoir. Ces affrontements font suite à l’annonce faite en mars par Alassane Ouattara, dans laquelle il se déclarait prêt à briguer un troisième mandat présidentiel, suite au décès de son dauphin désigné, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
L’ancien président ivoirien et patron du PDCI, Henri konan Bedié a saisi le secrétaire Général de l’ONU en déclarant ne pas se sentir concerné par le processus électoral de la présidentielle du 31 octobre prochain en cours mais maintient tout de même sa candidature à cette même présidentielle.
Henri Konan Bedie et Pascal Affi Nguessan Militants de l’opposition
Vendredi 16 octobre, des jeunes partisans de l’ex Premier ministre Pascal Affi N’Guessan – leader et candidat du Front populaire ivoirien (FPI) – ont érigé des barricades sur les routes suite au mot d’ordre donné par l’opposition de « boycott actif » du « processus électoral » pour « empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin » et ainsi protester contre le troisième mandat du Président sortant Alassane Ouattara.
Dimanche 18 octobre, autour de la ville de Bongouanou, plusieurs barrages tenus par les jeunes de la communauté Agni bloquaient toute circulation sur les axes menant à la préfecture, amenant des centaines d’habitants à fuir le long de la route par tous les moyens, sacs sur le dos ou avec leurs baluchons sur la tête. Des agents électoraux se seraient vus déposséder de leurs matériels par ces partisans de l’opposition.
Les jeunes Dioulas ont « répondu » à leur tour en brûlant restaurants, kiosques et magasins detenus par des agnis.
La maison de Pascal Affi Nguessan incendiée à Bongouanou Des véhicules incendiés à Bongouanou
La résidence à Bongouanou de Pascal Affi Nguessan a même été incendiée samedi 17 octobre.
Pour prévenir toute escalade incontrôlée des tensions pré-électorales en Côte d’Ivoire, une nouvelle mission ministérielle de la CEDEAO – dirigée par le Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO, Shirley Ayorkor Botchwey – a atterri à Abidjan, ce 18 octobre 2020 dans le but de réactiver le Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Cette mission devrait rencontrer les candidats retenus à l’élection présidentielle puis les principaux acteurs politiques de la scène ivoirienne. A la fin de cette mission de 2 jours, La CEDEAO a appeler les leaders de l’opposition ivoirienne à reconsidérer leur mot d’ordre de boycott du processus électoral et de désobéissance civile.
La mission a exhorté les candidats à se concentrer sur des points réalistes devant aider au dénouement des différends, en vue d’une participation inclusive, transparente, crédible et non violente à l’élection présidentielle. La mission a exhorté les candidats et les partis politiques à faire des efforts considérables afin de parvenir à un accord concernant l’élection présidentielle
Shirley Ayorkor Botchwey – ministre ghanéenne des Affaires étrangères et Présidente du Conseil des Ministres de la CEDEAO
Le pays déplore déjà une trentaine de perte en vies humaines, des centaines de citoyens sont détenus dans les prisons. Loin de céder, le pouvoir maintient les présidentielles pour le 31 octobre prochain.