Le Parlement européen appelle à la suspension de l’accord minier avec le Rwanda

par Afrikaleaks La Rédaction
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Contexte : tensions croissantes dans l’est de la RDC

Depuis plusieurs mois, l’est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’affrontements intenses entre les forces gouvernementales et le groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23). Ces combats ont conduit à l’occupation de la ville stratégique de Goma par les rebelles, exacerbant une crise humanitaire déjà préoccupante. De nombreux rapports, émanant notamment des Nations unies et d’organisations non gouvernementales, accusent le Rwanda de soutenir activement le M23, tant sur le plan logistique que militaire. Kigali a, à plusieurs reprises, démenti ces allégations, affirmant ne pas être impliqué dans le conflit.

La réaction du Parlement européen

Face à cette situation, le Parlement européen a adopté, le 13 février 2025, une résolution appelant l’Union européenne à suspendre immédiatement le mémorandum d’entente signé avec le Rwanda en février 2024. Cet accord visait à développer des chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques, essentielles pour les industries technologiques européennes. La résolution, adoptée par une majorité écrasante de 443 voix pour, 4 contre et 48 abstentions, souligne que la poursuite de cet accord est « indéfendable » tant que le Rwanda est accusé de soutenir des groupes armés déstabilisant la région.

Les implications économiques et politiques

La suspension de cet accord pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations économiques entre l’UE et le Rwanda. Le mémorandum d’entente était censé renforcer le rôle du Rwanda dans la fourniture de matières premières critiques, telles que le tantale, l’étain, le tungstène et l’or, indispensables à la transition numérique et verte de l’Europe. Sa suspension pourrait également affecter les chaînes d’approvisionnement européennes, déjà fragilisées par diverses crises internationales. Par ailleurs, le Parlement européen a exhorté la Commission et les États membres à geler l’aide budgétaire directe au Rwanda et à cesser toute assistance militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises, afin de ne pas contribuer indirectement aux opérations militaires dans l’est de la RDC.

Un jeune travailleur congolais sélectionne des roches afin d’en extraire la cassitérite à Nyabibwe, dans l’est de la RDC, en août 2012. © AP Photo/Marc Hofer

Réactions internationales

Cette décision du Parlement européen intervient dans un contexte de pression internationale accrue sur le Rwanda. Les États-Unis et plusieurs pays européens ont exprimé leurs préoccupations quant au rôle présumé de Kigali dans le soutien au M23. Des voix s’élèvent pour demander une réévaluation des relations diplomatiques et économiques avec le Rwanda, tant que des preuves tangibles de son désengagement du conflit ne sont pas fournies. De son côté, le gouvernement rwandais continue de nier toute implication et appelle à une approche plus nuancée de la communauté internationale face à la complexité de la situation dans la région des Grands Lacs.

Perspectives d’avenir

La suspension de l’accord minier entre l’UE et le Rwanda pourrait inciter Kigali à reconsidérer sa position et à prendre des mesures concrètes pour démontrer son non-engagement dans le conflit en RDC. Cependant, cette décision pourrait également pousser le Rwanda à renforcer ses partenariats avec d’autres acteurs internationaux, notamment la Chine, déjà présente dans le secteur minier africain. Pour la RDC, cette résolution du Parlement européen est perçue comme un soutien important dans sa lutte pour la souveraineté et la stabilité de l’est du pays. Néanmoins, la situation sur le terrain reste volatile, et seule une approche diplomatique inclusive, impliquant tous les acteurs régionaux, pourra aboutir à une paix durable.

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