« Avec son pagne, ses plumes dans les cheveux et son collier de perles, Mswati III, 43 ans, quinzième fortune du monde selon le magazine « Forbes », est un outrancier excentrique. Amoureux des voitures de luxe et des fêtes décadentes, marié à 13 reprises, il règne depuis 26 ans sur le petit Swaziland, un royaume enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. »
Ce sont dans ces termes méprisants, qu’était décrit dans le magazine le Nouvelle Observateur du 09 août 2012, un roi africain, celui du Swaziland. L’auteur de l’article, Sarah Diffala, coutumière du fait, commence par décrire la tenue vestimentaire du roi, par une rhétorique incroyablement insultante « avec son pagne et ses plumes dans les cheveux; » puis elle poursuit la diatribe en s’attaquant à sa fortune, qu’elle sous-entend à mots à peine voilés, illégitimes. Et elle termine par le côtés polygame du monarque, l’angle de critique favorit des intellectuels progressistes occidentaux.
Cette description dans laquelle des termes forts sont employés « excentrique, »… « outrancier, » et des expressions insultantes « plumes dans les cheveux, » « polygame notoire , » ressemble plus à celle d’un de ces sauvageons de rois nègres, tels que racontés par les explorateurs portugais ou anglais, de retour du continent noir, qu’à celle d’une journaliste. Inutile de continuer avec cet article tendancieux qui est en réalité le reflet d’une partie de la pensée occidentale à l’égard de ces africains jugés excentriques, amateurs de sexe et de femme.
Il serait par contre intéressant de se livrer à l’exercice similaire en s’appuyant sur ce qu’il y a de plus respectueux pour les occidentaux en matière de royauté : la vénérable reine d’Angleterre. Ce genre de critique en mode délit de faciès est du pain béni pour qui en sait un peu sur les extravagances multi centenaires de cette famille royale. Voici une dame dont l’accoutrement semble sorti tout droit d’un film médiavale. 72 ans, qu’elle est officiellement chef d’état de son pays et de 16 autres États dont le Canada. Je n’ose imaginer ce qui aurait été écrit, si un nègre avait sur des territoires africains autant de pouvoir administratif, fusse t-il symbolique.
Parmi les droits, qui vu d’Afrique seraient considérés comme excentriques, mais qui sont accordés à la reine d’Angleterre, il y a celui sur les poissons rares. Depuis le XIIe siècle, toutes ces espèces évoluant dans les eaux territoriales anglaises lui appartiennent de droit. Les pêcheurs doivent déclarer ces prises et s’acquitter d’une taxe royale sensée être reversée à une fondation. Fondation appartenant à sa famille évidemment.
En parlant de famille, personne ne peut se marier sans son autorisation. C’est le fameux «Instrument of Consent» pour éviter qu’une pauvre roturière n’entre dans la famille. Imaginez une telle loi en Afrique, que toutes les ONG spécialistes du genre s’en donneraient à cœur joie. La reine est aussi la seule personne du Royaume qui n’a pas besoin de permis de conduire. Autre particularité, ses voitures n’ont d’ailleurs pas de plaques d’immatriculation. Elle n’a pas non plus de passeport. «Comme les passeports britanniques sont délivrés au nom de Sa Majesté, il est inutile que la Reine en possède un», souligne subtilement le site officiel de la monarchie. Et comme il n’y a pas de carte d’identité au Royaume-Uni, la reine n’a donc aucun papier d’identité.
Et que dire des biens royaux, mobiliers et immobiliers, qui estimés à plusieurs milliards de dollars auraient pu aider par le passé le Royaume-Uni à se sortir de passes économiques difficiles, où aider à soulager les masses populaires les plus pauvres. Des festivités annuelles aux millions de dollars, mariages et anniversaires entre autres, sont également des occasions de gabegie à ciel ouvert. Et en prime, un train de vie, maintenu grâce à des allégements fiscaux, quand des taxes ne sont pas carrément annulées au profit de la royauté.
S’il est vrai que Mswati III, roi du Swaziland est un monarque absolu qui affiche ostensiblement sa richesse et son goût pour les femmes, il est tout aussi vrai que la famille royale anglaise n’est pas moins adepte d’un train de vie ouvertement excentrique, rétrograde et faramineux. Pourquoi est-on choqué de voir un roi africain monter à dos d’ânes habillé en pagne avec « des plumes dans les cheveux » quand voir parader dans tout Londres une veille dames dans le carosse de la belle au bois dormant, ne choque personne en occident ?