Dr Denis Mukwege, le prix nobel de la paix en 2018 en danger

par Afrikaleaks La Rédaction
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Dr Denis mukwege

Dr Denis Mukwege, Le célèbre médecin Prix Nobel de la paix en 2018 se sent menacé au vu de ses dénonciations de massacres perpétrés dans le village de Kipupu, province du Sud-Kivu (est de la RDC) les 16 et 17 juillet derniers, faisant 200 morts et disparus ainsi que pour ses prises de position pour la défense des femmes violées et les soins qu’il leur apporte.

Massacre dans le Sud-Kivu

Depuis qu’il a dénoncé un énième massacre de civils en juillet dans sa province orientale du Sud-Kivu, à la frontière du Rwanda, le gynécologue vit sous la menace. 

Ce massacre est attribué aux Banyamulenges – Congolais tutsis rwandophones -, communauté en conflit avec d’autres franges de la population congolaise.

Dr Denis mukwege prix nobel
Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018

Le médecin demande l’instauration d’une juridiction internationale pour poursuivre les auteurs des massacres commis dans l’Est de la RDC depuis 1996. Le médecin cite le rapport des Nations Unies rendu en 2010 dans lequel sont mis en lumière 617 incidents violents commis de 1993 à 2003 sur le territoire congolais.

« Ce sont les mêmes qui continuent à tuer en RDC (…) dans la droite ligne des massacres qui frappent la RDC depuis 1996″… »Certains actes (détaillés dans les conclusions du rapport) pourraient même être constitutifs de crimes de génocide, s’ils étaient portés à la connaissance d’un tribunal compétent »

Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix

Une grande partie des Congolais accusent les milices Banyamulenge d’être soutenues par le Rwanda pour contrôler l’Est de la RDC et ses ressources foncières et minières, ce que Kigali refute.

Un rapport critiqué

Le rapport vise toutes les forces armées et leurs milices qui ont participé aux deux guerres du Congo parfois qualifiées de « guerre mondiale africaine »: RDC (ex-Zaïre), Ouganda, Burundi, Angola, et, bien sûr, l’armée rwandaise de Paul Kagame.

En 1994, Paul Kagame et ses troupes avaient mis fin au génocide d’au moins 800.000 personnes appartenant essentiellement à la minorité tutsie, en chassant du pouvoir du Rwanda le régime extrémiste hutu.

En 1996-1998, l’armée de Paul Kagame a traqué des centaines de milliers de Hutus réfugiés en République Démocratique du Congo, en soutenant la rébellion congolaise de Laurent-Désiré Kabila contre le vieux dictateur Mobutu Sese Seko.

« Les attaques systématiques et généralisées » de l’armée rwandaise au sein de la rébellion congolaise contre les Hutus en RDC « pourraient être qualifiées de crimes de génocide », lit-on dans le rapport défendu par le Dr Mukwege.

C’est évidemment inacceptable pour Paul Kagame, toujours au pouvoir au Rwanda. Le rapport a été qualifié mi-août « d’instrument de propagande » par son frère d’armes, l’ex-ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe, à la tête des forces rwandaises en RDC entre 1996 et 1998.

« Le général Kabarebe n’a proféré aucune menace. Il trouve qu’il y a trop d’accusations farfelues dans ce rapport »


l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa

En 2010, le Rwanda avait dénoncé ce rapport des Nations unies comme une tentative de « réécrire l’Histoire » et de « répartir de façon inappropriée la responsabilité du génocide qui a eu lieu au Rwanda ».

« Pour que justice soit rendue, il faudrait (…) une coopération judiciaire très efficace avec tous les pays impliqués, notamment l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda, ce qui n’existe pas encore »… »Je pense que le Rwanda devrait aussi répondre de ses actes »


Dr Mukwege face aux eurodéputés 01/09/2020

Un mouvement de soutien au Docteur Mukwege

Vendredi dernier un rassemblement de militants demandant aux autorités congolaises « l’expulsion immédiate » du nouvel ambassadeur du Rwanda a été dispersé par les forces de l’ordre. Les organisateurs du rassemblement exigeaient l’arrêt des menaces à l’encontre du Dr Denis Mukwege. Sur les affiches brandies lors du rassemblement l’on pouvait lire « Touche pas au Prix Nobel ».

La Ville de Bruxelles a quant à elle lancé mardi 1er septembre une campagne qui durera jusque fin septembre pour dénoncer ces menaces et venir en aide à la protection du gynécologue congolais.

L’observatoire pour la protection des Droits de l’Homme a été informé par des sources fiables d’acte d’intimidation et de menaces de mort visant le Dr Denis Mukwege. Ces récentes menaces font suite à la dénonciation par le Dr Mukwege.

La Ville de Bruxelles a indiqué dans un communiqué s’associer “résolument” à la demande internationale de protection du Dr Mukwege en exigeant que toutes les mesures soient prises pour assurer sa sécurité, celle de sa famille et celle du personnel médical de l’Hôpital de Panzi à Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu, où il soigne des femmes victimes de violences sexuelles.

La campagne digitale a été lancée mardi après-midi, avec projection sur tous les 70 écrans digitaux de la Ville et une projection sur l’écran Place de Brouckère, durant tout le mois de septembre.
Un hashtag #ProtectDrMukwege est lancé pour dénoncer cette injustice sur les réseau sociaux.

Prenant à contrepied une large partie de l’opinion, le président congolais Félix Tshisekedi s’est rapproché de Paul Kagame depuis son investiture en janvier 2019.

« Le manque de volonté politique et la +realpolitik+ ont trop longtemps primé sur le besoin et la soif de justice et de vérité. C’est dans ce contexte que les massacres se poursuivent en toute impunité »

Dr Mukwege face aux eurodéputés 01/09/2020

Vendredi soir, l’ONG de défense des droits de l’Homme Amnesty International a demandé au gouvernement congolais et aux Nations unies de prendre des « mesures urgentes et concrètes » pour assurer la protection de M. Mukwege

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