Nommé le 27 septembre dernier, le nouveau premier ministre de transition Moctar Ouane n’a toujours présenté son gouvernement.
Le jeudi dernier, la présidence informait l’opinion publique que les procédures pour les enquêtes de moralité avaient débuté pour les postes ministériels. Déjà, le Mouvement du 5 juin du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) qui fut le fer de lance des protestations contre l’ancien régime du président déchu Ibrahim Boubacar Keita n’a jamais caché son mécontentement d’être écarté par la junte pour la nomination du président et du premier ministre de cette transition.
Sachant que l’impunité et la mauvaise furent les arguments avancés par les détracteurs de l’ancien régime, le nouveau premier ministre Moctar Ouane pourrait se retrouver sur une chaise éjectable si jamais les profils des ministres de son gouvernement ne correspondaient pas aux aspirations de l’opinion publique.

D’un côté, une junte qui tente de tout contrôler et de l’autre une classe politique très divisée et surtout influencée par des leaders religieux de visions différentes, bon nombre de maliens s’inquiètent déjà de la probabilité d’un gouvernement consensuel.
Déjà certains journaux locaux n’ont pas hésité à qualifier la formation dudit gouvernement d’accouchement par césarienne en raison des enjeux sociopolitiques et sécuritaires. Et si l’on se fie du discours d’investiture du président Bah Ndaou, qui a affirmé :
Je ne promet pas zéro corruption, mais je promet zéro impunité
Bah Ndaou
Ce qui laisse entendre la mise en place d’une justice sereine longtemps mise en question. Durant les sept années du régime d’IBK, le scandale de l’affaire dite « avions cloués au sol » et autre équipements militaires avait montré les failles de la justice, car impliquait de nombreuses personnalités du pays.
Aussi l’un des défis auxquels le premier Ministre devrait faire face, c’est d’éviter d’être un bouc émissaire de la junte ou des leaders religieux aux ambitions politiques. Face à une jeunesse assoiffée de changement de leadership, il est évident que le choix des ministrables s’avère difficile. Déjà certains détracteurs ou frustrés de la scène politique qualifient déjà le nouveau premier Ministre d’être à la solde de puissances étrangères en l’occurrence la France.
Faut-il le souligner, les concertations nationales qui se sont déroulées de 10 au 12 septembre dernier, n’avaient servi qu’à accroître le climat de méfiance entre les organisations de la société civile, les partis politiques. D’ores et déjà les tractations vont toujours de bon train entre le M5-RFP et la junte depuis la nomination de Bah Ndaou comme président de la transition. En attendant que le gouvernement tant attendu ne soit formé, le premier ministre Moctar Ouane suffoque déjà sous la pression.