Enfin la restitution des biens culturels de l’Afrique par les européens

par Afrikaleaks La Rédaction
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Restitution des Biens culturels de l'Afrique

Sur le sujet de la restitution des biens culturels de l’Afrique, une nouvelle ère s’annonce pour l’identité culturelle africaine. En effet, avec la restitution des 26 oeuvres au Bénin par la France, Emmanuel Macron ouvre ainsi la voie aux gouvernements des autres états (ex-colons) conservant en leurs musées des biens culturels africains mal acquis. Le processus de restitution des biens culturels à l’Afrique est enclenché, reste à savoir dans quelles conditions les oeuvres seront conservées.

De la restitution des 26 oeuvres réclamées par le Bénin

C’est à la lecture du rapport établi par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy fin 2018 que le président Macron s’est engagé à restituer aux pays africains les objets d’art africains qui avaient échoué dans les musées occidentaux.

Il avait pris cet engagement lors de son discours d’inauguration au Burkina Faso et chargé Felwine Sarr & Bénédicte Savoy de rédiger un rapport examinant toute la question de la restitution.

Aujourd’hui, la France accepte finalement de rendre des tuniques de soldats mais retient un objet emblématique des cultures africaines et qui cristallise le débat sur la restitution des biens culturels africains, la grande statue du Dieu Gou forgée vers 1860 par l’artisan d’art Akati Ekplekendo et exposée depuis l’an 2000 au Musée du Louvre de Paris.

Le Président français a fait le choix de restituer au plus tôt les 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin, oeuvres spoliées en 1892 par l’Armée française. C’est aujourd’hui chose faite, depuis que la liste des objets a été rendue publique dans l’annexe du projet de loi n°3221 relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal.

Cependant, La statue du Dieu Gou qui a été saisie pendant l’expédition coloniale et rapportée par Eugène Fonssagrives, a été exclue délibérément de cette liste. On peut donc logiquement se demander pourquoi une œuvre de cette importance ne fait pas partie de la sélection des 26 œuvres.

L’absence de cette statue du Dieu Gou renseigne peut-être sur la vigilance que doivent observer les états africains concernés par ces restitutions face au marché de dupe de la France.

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Statue du Dieu Gou du Bénin

Le Sénégal qui est aussi concerné par ces restitutions devrait ainsi faire preuve de vigilance pour éviter de se retrouver dans cette situation. Pour le Benin, la restitution concerne dans un premier temps 26 objets du patrimoine béninois pillés lors du sac du palais des rois d’Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892 et conservés au Musée du quai Branly-Jacques-Chirac à Paris.

Au Sénégal, le premier objet sur la liste est le sabre de El Hadji Omar que l’ancien Premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre 2019 au Président sénégalais Macky Sall lors d’une visite à Dakar.
C’est après avoir pris connaissance du rapport élaboré par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy à la fin de 2018 que le Président Macron avait pris l’engagement de restituer aux pays africains des objets d’art africains qui ont échoué dans des musées occidentaux. Les conclusions du rapport Sarr- Savoy ont été par la suite critiquées par certains experts européens notamment ceux du Musée du Quai Branly qui, à lui seul, renferme 70 000 des 90 000 œuvres recensés par le rapport.

le Musée des civilisations noires (MCN) de Dakar un projet Panafricain

le Musée des civilisations noires de Dakar né d’une idée portée dès 1966 par Léopold Sédar Senghor a été inauguré le 6 décembre 2018. Il est la preuve que l’Afrique est prête à recevoir ses biens culturels dont elle a été spoliée.

L’établissement a été élu par le magazine Time comme l’un des 100 lieux phares à voir dans le monde, le jeune Musée des civilisations noires de Dakar est devenu réalité en 2018 grâce au soutien financier de la Chine, elle a en effet doté le musée d’un financement conséquent en investissant l’équivalent de 35 millions d’euros pour la totalité de sa construction et pour de nombreux équipements culturels.

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Musée des civilisations noires Dakar

Les instigateurs du projet le veulent comme « outil de développement scientifique, culturel, économique et social couplant technologie et respect des arts et cultures africaines ».
Cette ré-appropriation de son histoire culturelle passe par la mise en place de logiques et politiques des musées propres au continent africain. Cet événement pour l’Afrique de l’Ouest n’aurait pu aboutir sans la Chine.

Objet phare exposé au MCN : le sabre d’El Hadj Oumar Tall, héros, cehf religieux et fondateur de l’Empire toucouleur au XIXe siècle, pris de force en 1894 par le colonel Louis Archinard. Le sabre qui était exposé avec d’autres épées au Musée des Invalides à Paris est depuis novembre 2019, exposé au MCN, sa restitution a annoncé l’enclenchement du processus de restitution définitive. Une première conséquence du débat sur la restitution des œuvres d’art africaines et des engagements d’Emmanuel Macron à ce sujet après le rapport Sarr-Savoy.

De la restitution au Congo des biens culturels mal acquis par la Belgique

Le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren appartient à la donation Royale et conserve en ses murs un butin résultant du pillage à grande échelle du patrimoine culturel congolais constitué pendant la période des massacres coloniaux par le roi Léopold II, comme l’affirment trente-six spécialistes africains dans une lettre ouverte. Ce vestige des musées coloniaux d’Europe, cherche à être à la pointe des politiques de modernisation grâce au rôle des Afro-descendants qui auraient voix au chapitre.

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Exposition au Musée de Tervuren

Sur la question de la restitution des biens au Congo et la création d’un comité scientifique chargé d’identifier les nombreux objets congolais actuellement en possession de la Belgique on obtient des réponses vagues des gouvernants belges, ceux-ci parlent d’instrumentalisation du débat sur la restitution.

« L’Afrique a plus besoin de musées que d’églises »

Sindika Dokolo – collectionneur d’art

Il nous appartient à nous africains et afro-descendansts de porter la revendication des biens culturels dont nous avons été spoliés et de lui donner la dimension historique et culturelle qu’elle mérite, à l’instar de Sindika Dokolo, grand collectionneur d’art africain. Ce Congolais de 46 ans a été le curateur de l’exposition Incarnation qui s’est tenue à Bozar jusqu’en octobre 2019.

Lors de son séjour Belge, le collectionneur d’art a fait annuler la vente du Manuscrit de Lapière, document qui relate la manière violente dont l’officier belge Lapière s’empara en 1896 d’un masque luba qui représente aujourd’hui l’une des pièces maîtresses du Musée de Tervuren.

Le musée belge ayant refusé d’acquérir le document, Dokolo le mécène espère un jour l’offrir au nouveau Musée de Kinshasa. Il envisage également de construire un musée d’art contemporain à Luanda et à Bruxelles.

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